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jeudi 25 mars 2021

Sylvain Santi, Cerner le réel. Christian Prigent à l'oeuvre

 Sylvain Santi, Cerner le réel. Christian Prigent à l’œuvre, préface de Michel Surya, ENS éditions, Lyon, hiver 2019-2020, 366 pages, 29 €, ISBN : 979-10-362-0186-8.

« Par où entrer dans l’œuvre imposante, qui s’imposera,
de Christian Prigent ? Par ce livre de Sylvain Santi par exemple,
où tout entre déjà, en totalité ou en partie, de ce qui la constitue :
poèmes, récits, essais, théories et… politique. De ce qui fait
ses liens, parfois contradictoires » (Préface de Michel Surya, p. 21).

Dans une édition soignée, préfacé par Michel Surya qui développe les rapports entre poétique et politique, voici le premier essai sur l’œuvre d’un des poètes français les plus reconnus : suite au premier volume collectif paru en 2017 chez Hermann, Christian Prigent : trou(v)er sa langue, le livre que propose Sylvain Santi, spécialiste de Bataille qui travaille depuis des années sur l’œuvre de Prigent, se concentre en quatorze chapitres répartis en deux parties sur une question centrale – le « réel » – déjà abordée mais pas de façon aussi fouillée.

Au reste, il ne s’agit pas d’une monographie : s’adaptant à son objet, l’auteur ne cherche nullement une impossible exhaustivité, sachant qu’on ne peut cerner cette œuvre insaisissable qu’en esquissant des pistes, suggérant qu’il y a de l’innommable, déroulant des fils que les lecteurs devront tisser pour construire leur propre parcours. Son originalité est d’y entrer par de petites mais subtiles portes : le chapitre liminaire d’un essai marquant (« Lucrèce à la fenêtre », Salut les anciens, P.O.L, 2000), qui constitue « une fenêtre ouverte sur l’œuvre de Prigent » (p. 23) ; divers écrits et entretiens pas encore bien connus, ; un Journal de l’œuvide et un Album de Commencement mis en regard d’une première fiction, précisément intitulée Commencement(P.O.L, 1989), qui signe le vrai démarrage de ce qu’on appelle une carrière… Ainsi, un peu comme l’entreprise proustienne prend forme et se développe à partir de la fameuse tasse de thé, toute la première partie du livre découle de la lecture d’un seul chapitre de Salut les anciens : cette brèche offre une véritable ouverture vers l’œuvre entière, prolongée et approfondie, dans la seconde partie, par d’autres saillies du côté de Ce qui fait tenir, du Journal de l’œuvide et des premières fictions. À la synthèse surplombante, au survol synthétique, aux vains propos généralisateurs, l’auteur préfère une critique immanente qui suit les textes sélectionnés au plus près, creusant son propre sillon avec rigueur et méthode : les analyses et références sont pertinentes, les perspectives très souvent inédites, qui s’appuient sur un solide outillage philosophique, rhétorique/linguistique et psychanalytique. Avec Sylvain Santi, manière de critiquer et « manière de flâner » (23) vont ainsi de pair. Dans son journal intellectuel qui vient d’être publié sous le titre de Point d’appui 2012-2018, Christian Prigent y voit « un programme d’écriture et sa réalisation méticuleuse » (P.O.L, p. 257).

L’intérêt d’une telle démarche réside également dans un autre type d’ouverture : aux divers états du champ poétique comme à des figures majeures – telles Lucrèce, Scarron, Baudelaire, Sade, Bataille, ou encore Ponge.

On peut toutefois regretter que les chapitres 2 (« Hériter du père ») et 3 (« Modernité »)  ne soient pas plus approfondis et un peu trop proches des analyses de l’auteur lui-même (trop de citations sans doute) et recroisant parfois des études déjà publiées. On est d’ailleurs surpris de n’y trouver aucune référence à la critique prigentienne, comme si l’on pouvait écrire ex nihilo sur une œuvre déjà consacrée.



mardi 12 février 2019

Le nouveau TXT est arrivé !


Samedi 23 février 2019, de 15h à 17h au Reid Hall (4, rue de Chevreuse 75006 Paris) : soirée TXT, avec Jacques Demarcq, Bruno Fern, Typhaine Garnier Christian Prigent et Yoann Thommerel.
Et les voix de : Eric Clémens, Alain Frontier, Valère Novarina, Charles Pennequin et Jean-Pierre Verheggen.





Un quart de siècle après le dernier numéro et un demi après sa création post-soixante-huitarde, voici le « ressusciTXT » – selon le bon mot de Christian Prigent dans sa dédicace personnalisée –, revoici les TXThéoristes de la « communauté dormante » (p. 1)... Tous les principaux acteurs d’une aventure collective (1969-1993)[1]qui avait à ce point marqué la fin du siècle qu’elle avait donné naissance à un véritable label : Philippe Boutibonnes, Éric Clémens, Jacques Demarcq, Alain Frontier, Pierre Le Pillouër, Valère Novarina, Christian Prigent et Jean-Pierre Verheggen ; les artistes de Supports/ surfaces ne manquent pas à l’appel non plus, avec Pierre Buraglio qui donne de nouveaux contours au sigle « TXT » trente-cinq ans après, et les créations toniques de Daniel Dezeuze (Grotesque), Claude Viallat (Conan) et de Jean-Louis Vila (La Méduse et le Paon). Tous, excepté ceux qui se sont tournés vers d’autres horizons, comme Claude Minière (1938) ou Christian Arthaud (1956), et les disparus prématurément : Jean-Christophe Leuwers (1971-2001) ; Yves Froment (1939-2003) – dont Philippe Boutibonnes salue la mémoire à l’orée de ses « Moches z’heures ». Ainsi, en détournant un peu la dernière phrase du chef de file dans son introduction à l’anthologie de TXT : « TXT n’est pas mort, tout recommence autrement, le nouveau est invincible »[2].

Ces revenants vont-ils nous proposer ce qui au fond ne constituerait dans l’espace poétique actuel que d’ « autres piétinements » (cf. p. 45) / d’autres piètres niements ? Tout d’abord, un petit rappel : TXT, c’est un refus de la lissetérature – pour reprendre un néologisme de Dominique Meens, auteur P.O.L qui, adepte des écritures exigeantes, se joint logiquement au groupe –, une ascèse même et surtout carnavalesque visant à « vider la poésie de la poésie qui bave de l’ego, naturalise et mysticise, rêve d’amour et d’union, dénie obscurités, obscénités, chaos et cruautés, décore le monde et marche à son pas » (p. 1). La suite confirme que ce préambule, même s’il a été écrit à quatre mains, porte bel et bien le sceau de Christian Prigent, pour qui le temps est (re)venu de s’adresser à cet « énergumène symbolisateur » que constitue fondamentalement tout être humain. Car, plus que jamais nous sommes des séparés, maintenus à distance d’une expérience authentique du monde par le puissant écran d’une hypercommunication immondialisée. Et l’horrible trouvailleur (formule de Le Pillouër) de rappeler, en des termes à la fois pongiens et batailliens, la nécessité d’un réelisme poétique : « Notre monde, le monde informe des réseaux de communication, le monde lié, ne communique rien. Rien = clichés, humeurs, confidences, fake news. Dans le travail poétique, au contraire, l’expérience cherche ses formes propres, ses rythmes sensibles. On veut trouver des équivalents verbaux justes à ce qui, des vies, est mal nommé, mal pensé, non encore nommé. Et on regarde en face le mal (malaises, obscurités, folies, exploitations, coercitions, violences) » (p. 3). Aussi, relancer TXT avec les recrues du pôle caennais (Bruno Fern, Typhaine Garnier et Yoann Thommerel), mais aussi le peintre Mathias Pérez, ancien directeur des regrettées Fusées qui a donné au numéro une intrigante femme trouée, c’est assurer la survie de la revue moderne (un 33numéro est déjà en vue !), à laquelle, dès le début de l’aventure Fusées, l’ancien directeur de TXT assignait cette mission : « Le moderne est le spectre (hantise, dissolution, analyse, négatif) du présent comme fuite des significations hors du corps légendé (historisé ou futurisé) des pensées, des images et des langues. Dire le moderne c’est dresser la hantise de ce spectre au creux du dessin de ce qu’il hante : la vie programmée, formatée, comptée, boursicotée, publicitée, plébiscitée, médiatisée, idolâtrée.[3]» /Fabrice Thumerel/


*****
En mai 2019 paraîtra TXT n° 33, entremêlant une littérature qui cherche à produire un bruit neuf, des œuvres de plasticiens et des rubriques almanachiques : solutionnages miraculeux, célébrages farcesques, craductages trilingues, délectages littéraires et force décervelages pour chaque mois !
La Mél et la librairie Tschann s’associent au groupe TXT pour fêter ce retour à l’occasion d’une rencontre au Reid Hall. Entrée libre, dans la limite des places disponibles.
Directrice de la Mel : Sylvie Gouttebaron

Contact Presse : Lisette Bouvier
     l.bouvier@maison-des-ecrivains.asso.fr




[1]Grâce à José Lesueur, la série complète est disponible en ligne, hors-séries inclus : http://revue-txt.blogspot.fr. On pourra également se référer à Fabrice Thumerel, Le Champ littéraire français au XXesiècle, Armand Colin, 2002 ; « Revue et révolution littéraire : TXT(1969-1993) », p. 103-112.
[2]Christian Prigent, « Légendes de TXT », TXT 1969 / 1993. Une anthologie, Christian Bourgois éditeur, 1995, p. 10.
[3]Id., « Une revue de la vie moderne », Fusées, Carte Blanche, Auvers-sur-Oise, n° 4, 2000, p. 3. Cf. Fabrice Thumerel, « Fusées, une revue moderne », La Revue des revues, n° 34, 2003, p. 99-106.

jeudi 4 janvier 2018

Christian Prigent : Paul Otchakovsky-Laurens (1944-2018)

Paul Otchakovsky-Laurens avec Christian Prigent en 2013
Paul Otchakovsky-Laurens a récemment consacré à la passion de toute sa vie un film intitulé Editeur. Une poupée à échelle humaine l'y représente enfant et dédouble la présence à l'écran de l'adulte Otchakovsky-Laurens. Elle hante son parcours comme l'Ange gardien, le Démon de Socrate, voire l'oiseau fidèle perché sur l'épaule de Long John Silver dans L'Île au trésor.

Depuis trente ans j'ai dans mon dos, quand j'écris, un démon amical, sévère et attentif : le regard d'oiseau de Paul est posé sur mes feuillets. Je n'écris rien qui n'en tienne compte et n'espère être à la hauteur de son exigence. Je n'ai rien publié qui n'ait été formé par cette sorte de dialogue silencieux et qui n'ait d'abord été adressé à lui, Paul.

Paul Otchakovsky-Laurens était le meilleur des éditeurs. Son catalogue le prouve. On le sait. On le saura, dans la durée, de mieux en mieux. Georges Pérec, Claude Ollier, Bernard Noël, Hubert Lucot, Valère Novarina, Olivier Cadiot, Christophe Tarkos, Nathalie Quintane, Charles Pennequin (je cite ceux dont je me sens le plus proche — je pourrais en mentionner d'autres, moins proches, mais respectés, parfois admirés) : c'est une bibliothèque, d'ores et déjà patrimoniale.

Il fallait, pour la constituer, beaucoup de clairvoyance, de générosité, de sens d'une modernité capable de se tenir à la hauteur des panthéons anciens. Il fallait du courage, aussi, pour assumer des choix souvent difficiles et résister à la pusillanimité académique du milieu littéraire, à la paresse de la critique, à l'opacité de tel ou tel silence (sur des livres aimés, choisis et passionnément publiés), à la pression des contraintes économiques.

La diversité du catalogue P.O.L ne relève pas d'un éclectisme. Mais de la disponibilité de son maître d'œuvre : attention fraîche, alerte sensible (capable à l'occasion de franchir les limites du goût spontané), sens aigu de ce qui apparaît dans l'imprévu des différences et le mouvement des inventions. Ce dont Paul était convaincu, c'est qu'être un écrivain, c'est travailler la langue pour y former une justesse sensible qui fera sens. Et que cette justesse s'incarne dans une forme stylistique singulière — quoi que cette forme traite comme matériau et quelle que soit l'histoire ou la pensée qui s'y incarne. Enseveli derrière les piles de manuscrits qui occupaient son petit bureau de la rue Saint-André-des-Arts, Paul guettait ce surgissement. Le plus souvent déçu, certes. Mais jamais lassé, toujours capable d'enthousiasme. Et joyeux, si l'emportait cet enthousiasme, de le faire partager.

Ceux que POL a publiés savent quel éditeur il était, et quelle personne. Pas seulement parce qu'ils ont été élus par lui. Mais parce qu'ils ont éprouvé son écoute, sa ferveur amicale. Et joui de cette amitié. Une amitié non répandue, non triviale. Toute d'impeccable courtoisie, de pudeur raffinée, d'attention sans faille, de curiosité pour le travail de l'autre. A chacun de ses auteurs, il savait donner la sensation d'être par lui électivement aimé, soutenu et admiré.

Il disait ne pas vouloir choisir que des livres, mais s'engager sur des œuvres. Et le faisait, avec une fidélité inébranlable, même si moins convaincu par tel ou tel ouvrage, parce que son expérience (et sa modestie) lui faisait penser qu'au bout du compte c'est l'écrivain qui a toujours raison (de faire ce qu'il fait, de poursuivre). Il savait même convaincre tel ou tel d'avancer, contre son propre désespoir, ses doutes, ses pannes. Je me souviens d'un déjeuner avec lui, alors que j'étais dans une misérable phase de dépression post partum après la parution de Commencement (1989). Son invitation à démarrer un nouveau livre. Et l'intuition magnifique qu'il fallait me lancer sur autre chose, ne pas me laisser m'enliser dans la répétition de l'impossible même. Sa formule, mine de rien, entre poire et fromage : « si vous me faisiez un essai ? ». Cela suffit pour convertir la mélancolie en angoisse et, une fois l'angoisse traversée, amorcer la composition de ce qui donna, peu après, Ceux qui merdRent.

Voilà qui suffit, pour aujourd'hui. Il faut se donner au deuil, au silence. Se retourner sur des souvenirs. Méditer à quel point Paul Otchakovsky-Laurens est irremplaçable. C'est peu de dire, on ne le dit que la gorge serrée, qu'il va manquer, que sa disparition est un désastre. On (tous ceux pour qui compte la vitalité inventive de la littérature) n'a pas fini de mesurer l'ampleur catastrophique de cette perte.

dimanche 12 novembre 2017

[Texte] Christian Prigent, L'orthographe au zoo





Au zoo, la-le visiteur.trice grammairien.ne admiratif.tive peut désormais observer les bêt.e.s suivant.e.s : la-le léopard.e, la-le giraf.e, la-le hippopotam.tame, la-le rhinocéros.rosse, la-le kangouroux.rousse, la-le impale-la, la-le crocodil.delle, la-le lamantin.tine, la-le zébu.e, la-le phacocher.chère, la-le bison.ne, la-le grand.e koudoux.douce, la-le porc-que épic-que, la-le castor.e, la-le chat.te pêcheur.cheuse.cheresse, la-le civet.te de lapin.pine, la-le gazil.zelle, la-le antilop.lope, la-le autruc.truche, la-le babouin.e et tout.te.s sort.te.s de animâles-femelles plus petit.te.s : la-le belet-te, la-le souris.se, la-le raton.ne laveur.veuse, la-le perroquet-quette, la-le tourtereau-relle, les corbeaux-belles et les freux.frelles sur les fils.filles électriques, la-le maquereau-relle et la-le carpe.pette dans la-le bassin.ne chez les phok-que.s et les nombreux.breuses mouch.e.s sur  le œil et la oreille du-de la panthèr.e

samedi 17 septembre 2016

[Appel] Pour que vive la Maison du peuple, par Hervé Hamon et Christian Prigent



"Ma mère nous parla de la Maison du peuple. Il y aurait une grande salle où
les enfants joueraient, et des conférences pour les grands, et des fêtes"
(Louis Guilloux, La Maison du peuple, 1927 ; chap. XXVII).


La Maison du peuple de Saint-Brieuc, inaugurée en 1932, est depuis 2005 interdite au public. En février 2011, une délibération du conseil municipal de Saint-Brieuc a envisagé de la restaurer. Mais, depuis cinq ans, l’édifice, dans un état pitoyable, reste abandonné, nié, mis au rebut comme un objet hors d'usage.
Cela ne nous paraît pas supportable. Car cette Maison, justement, n'est pas qu'un objet, pas qu'un toit et quatre murs. La Maison du Peuple, dans l’histoire briochine, est un emblème, essentiel. C'est un lieu de mémoire, un lieu d’assemblée et de culture, un lieu où les travailleurs de la cité, en bâtissant de leur main cette maison commune, ont affirmé leur dignité, leur volonté de conquérir leur émancipation, leur droit à la parole. Nous ajouterons, évidemment, un lieu de démocratie, car cette parole n’était nullement monolithique : là on débattait, on se rencontrait, on s’échauffait, on s’accordait.

La Maison du peuple est le titre du premier livre publié par Louis Guilloux en 1927. Il y montre précisément qu’il ne s’agissait pas seulement d'édifier un bâtiment, mais, ce faisant, de manifester des solidarités sociales et de mener un combat politique difficile et courageux dont son père, cordonnier, fut un des protagonistes.
Nous demandons aux responsables de la ville, du département, de la région, de rendre au plus vite à cet espace hautement symbolique sa validité, sa vitalité, son utilité. Il en va de la mémoire, c’est-à-dire de l’avenir.

Hervé Hamon et Christian Prigent (tous deux nés à Saint-Brieuc)

N. B. : Édouard Prigent, auquel rend hommage son fils dans Demain je meurs (P.O.L, 2007), a été précisément maire de Saint-Brieuc (1964-1965) et a consacré une monographie à son ami Louis Guilloux (Presses Universitaires de Bretagne, 1971).

jeudi 2 juin 2016

[Chronique] Z Cinémoi, par Fabrice Thumerel




Avec pour fronton la reproduction de deux peintures de Mathias Pérez, dont l'une présente une forme ambiguë - à la fois figure féminine et gueule infernale -, ZAKOPANE nous plonge dans l'antre rouge-brun du cinémoi Prigent, dans sa camera obscura

Z cinémoi : les zigzags géo- et scénographiques comme les zigzags entre passé et présent font émerger les zébrures de l'histoire moderne (1529-2015).

Sujet Prigent : "VRPoète lombalgique", "Ex-cyclococo ex-maofooteux ex-pop'poète ex / Epique opaque avant-gardiste ex-occupé par le sexe" (Z : chromosome sexuel), "seul pensif dépité mou du mollet idéologique", cygne qui, perdu au milieu des sex-shops, des enseignes commerciales et des panneaux publicitaires, pense à Auschwitz, la Chute du Mur de Berlin, Aragon et Thorez...

Zakopane : point de rencontre entre Pologne, République tchèque et Slovaquie.
Zoom sur zone : revoici le Prigent de Commencement (1989), Demain je meurs (2007) et de Berlin sera peut-être un jour (2015), pour qui le soleil s'est toujours levé à l'est - (n)ostalgie liée au contraste entre l'ancien carnaval édénique et les actuelles "merdoyeuses crapuleries mar / Chandes". 
Z'épopée : sur l'écran mémoriel, défilent Zatopek, "Zaaf le poivrot", "Zaaf le zigoto"... et, via L'Huma, les z'héros de la Course de la Paix et du Tour de France... Jean-Paul II, Lech Walesa, Gortbatchev... 

Z'écriture : en mode staccato, une quinzaine de pages en vers de quinze syllabes pour la plupart... Les distiques de vers impairs, qui se distinguent par la virtuosité verbale et rythmique, sont marqués par la zébrure prosodique (coupure du vers en deux) ou lexicale (coupure-soudure de deux mots : mot-valise). En voici quelques exemples : "mar / Chandes", "Réuni / Frication", "d'l'U / Térus" ; "scénograffrie publicitueuse", "dramatuburgies", "cradocreux", "crabouzillée", "sciaticassé", "Corburluberlusier", "stakhanovissé"... De quoi donner un coup de Z dans la figuration !




BULLETIN DE SOUSCRIPTION

Christian Prigent, ZAKOPANE

Une balade, de la Course de la Paix au Tour de France, dans l'Europe des fureurs du XXème siècle. Les mots Auschwitz, Cracovie, Berlin, Prague, Zakopane, Walesa, Wojtyla, Zatopek, Stablinski (etc.) clignotent et supplient : «écoute-moi !». Le poème trace dans cette géographie politiquement pathétique un Z raturé de questions et d'émotions.
Le tirage de ce livre de Christian Prigent est strictement limité à 22 exemplaires. Tous les exemplaires (22 pages au format 26 cm x 22, 5 cm) sont imprimés sur Vélin BFK Rives et présentés sous coffret. Chaque exemplaire est signé par les 2 auteurs.
Le n°0 (avec 3 peintures originales de Mathias Pérez et le manuscrit du texte) : 800 €
L'un des 11 exemplaires avec 3 peintures originales de Mathias Pérez : 300 €
L'un des 10 exemplaires avec 2 peintures originales : 150 €
Les commandes (les frais de port sont compris) sont à adresser avec chèque correspondant
aux
Éditions Carte Blanche
29 rue Gachet 95430 Auvers-s-Oise.
Téléphone : 06 32 01 98 82

dimanche 22 novembre 2015

Christian Prigent, Pierre Le Pillouër et Fabrice Thumerel : Écrire après...







On (OUEST-FRANCE, entre autres) m’a demandé de dire quelque chose sur les « événements » parisiens du 13 Novembre. J’ai décliné, incapable d’autre chose que des banalités désolées et des rages impuissantes qui sont dans nos têtes et nos cœurs. Bien sûr, comme tous, je rumine ces « événements ». Inévitablement (d'un point de vue « sécuritaire ») on va de plus en plus nous fermer le monde, l'espace, le temps, les paroles. On est en train de le faire (et pas seulement aux frontières géographiques). Or c'est pour combattre un nihilisme puritain, morticole et mortifère, qui est justement la quintessence épouvantable du fermé. Nous (ceux qui lisent, qui écrivent), ce sur quoi et à quoi nous essayons de travailler, c’est l’ouvert (pas seulement des frontières, des salles de spectacles, des stades : des langues, donc des pensées, donc du monde réel disposé et disponible entre nous, donc des vies vivables). Rien à céder, moins que jamais, là-dessus : aucun rire, aucune impiété, aucune obscénité, aucune aventure d'amour, de pensée, aucun jeu gratuit, aucune invention obscure.

Christian PRIGENT


Face à des innocents lâchement assassinés par d'infâmes fanatiques, la poésie peut peu, pour le dire à la façon de Christian Prigent. Ça, le moderne ? Quoi, la modernité ? Cois, les Modernes… Face à l'innommable, seul le silence fait le poids ; comme à chaque hic de la contemporaine mécanique hystérique, ironie de l'histoire, l'écrivain devient de facto celui qui n'a rien à dire. Réduit au silence, anéanti par son impuissance, son illégitimité. Son être-là devient illico être-avec les victimes et leurs familles. Nous tous qui écrivons ne pouvons ainsi qu'être révoltés par l'injustifiable et nous joindre humblement à tous ceux qui condamnent les attentats du 13 novembre. Et tous de nous poser beaucoup de questions.
Surtout à l'écoute des discours extrémistes, qu'ils soient bellicistes, sécuritaires, islamophobes ou antisémites sous des apparences antisionistes.  C'est ici que ceux dont l'activité – et non pas la vocation – est de mettre en crise la langue comme la pensée, de passer les préjugés et les idéologies au crible de la raison critique, se ressaisissent : le peu poétique ne vaut-il pas d’être entendu autant que le popolitique ? Plutôt que de subir le bruit médiatico-politique, le spectacle pseudo-démocratique, les mises en scène scandaculaires – si l'on peut dire -, ne faut-il pas approfondir la brèche qu'a ouverte dans le Réel cet innommable, ne faut-il pas appréhender dans le symbolique cette atteinte à l'entendement, ce chaos qui nous laisse KO ? Allons-nous nous en laisser conter, en rester aux réactions immédiates, aux faux-semblants ?
Une seule chose est sûre, nous continuerons tous à faire ce que nous croyons devoir faire. Sans cesser de nous poser des questions.
Ce communiqué, signé de Pierre Le Pillouër et Fabrice Thumerel, est publié simultanément sur les sites

jeudi 11 décembre 2014

[Actualité] Nouvelles prigentiennes, par Fabrice Thumerel

 
Christian Prigent lisant à Cerisy (photo de Marie-Hélène Dhénin)


* La mise en ligne de la collection intégrale des TXT est entreprise par José Lesueur sur son blog Cantos Propaganda : vous pouvez déjà découvrir les huit premiers numéros dans leur intégralité.

* Christian Prigent à Nantes. Le mardi 16 Décembre, 20 h 30.  Grand-mère Quéquette, Demain je
meurs, Les Enfances Chino. Lecture-rencontre organisée par le CAP (Culture, Art, Psychanalyse). Salle Vasse, 18 rue Colbert, 44000-Nantes. Contact : CAP Nantes, 06 10 28 64 88. 
< À la demande du CAP, voici mon embarquement pour Terra prigentia :

Pour Christian Prigent, la réalité n'est pas bandante, toujours recouverte d'oripeaux économiques, médiatiques, politiques ou artistiques, toujours occultée par des paravents idéologiques et culturels : écrire ne peut avoir trait à Éros qu'en déchirant les voiles, en biaisant les discours écrans.
Le poète, qu'il écrive en vers ou en prose, est un emmerdReur qui en a marre de positiver avec les pensées-Carrefour et qui rompt donc les amarres

avec le monde tel qu'il paraît, brise les -ismes, s'éloigne des isthmes qui le rattachent au plancher du terre à terre. Non pour embarquer vers l'Éther, mais pour viser l'inatteignable point zéro du réel : trouer les chromos, faire déraper les signifiants et les signifiés, et ainsi nous faire jouer/jouir de la langue et ses monstres...

Quels sont les monstres de la langue ? Qu'est-ce qui la rend monstrueuse ? Eros, Thanatos... l'impossible, l'innommable, la Chose, le Ça, la folie, le Rien, l'im-monde, le corps, l'âme, le Carnaval, la patmo...
Est monstrueuse toute langue qui excède la Langue, la débonde sans abonder dans son sens ; toute langue dans laquelle le "réel" vient trouer la "réalité", la dé-naturer. >

* Die Seele / L'âme, traduction de Christian Filips et Aurélie Maurin, Rough
books, Suisse, décembre 2014, 188 pages, 18 €, ISBN : 978-3-906050-20-1. [Commander]

Gageure, exercice de virtuose... toute traduction de ce type de texte intraduisible est incraduction. Exemple de la façon dont est rendu le jeu avec la langue :

ni dans l'a                                    kein zwischen lie
ni dans le ma                               kein zwischen sie
ni dans l'amas                              kein zwischen viele
ni dans l'amour                            kein zwischenliebe
 

* Début Avril, avec Bruno Fern et Typhaine Garnier, Christian Prigent publiera aux « Impressions nouvelles » (Bruxelles) un recueil de "craductions" bouffonnes de 280 sentences latines, avec postface historico-explicative (Hugo, Jarry, Verheggen, etc).

jeudi 23 janvier 2014

L'anamorphoseur anamorphosé



De quoi Christian Prigent est-il le nom ?

Quelques mois avant le premier colloque international de Cerisy sur son œuvre, telle est la problématique qui va nous guider ici : pour les spécialistes comme pour les esprits curieux, il ne s’agira pas d’arborer les rubriques complaisantes d’une « Société des Amis de », mais avec le plus de pertinence possible d’explorer le territoire prigentien, de nous interroger sur la situation de cet écrivain majeur dans l’histoire littéraire comme dans l’espace littéraire actuel - sur les rapports qu’il entretient à la langue, à la Bibliothèque, à la peinture...

Autour de Christian Prigent : avec et ailleurs - le dialogue empathique se doublant d’une distanciation propre à la démarche du critique et du chercheur.
 Fabrice Thumerel


Composition du train PRIGENT : 

* Nous commencerons par l'actualité immédiate (Colloque international de Cerisy), avant de lancer une "Traversée Prigent" en plusieurs étapes (bio-bibliographie avec vues synthétiques, chroniques courtes, liens et documents divers) ;

* l'architecture du site permet des lectures diverses, tout en privilégiant une logique structurelle (les archives sont classées par ordre chronologique : des plus anciennes publications aux plus récentes) ;

*   le site est essentiellement associé à trois autres : http://www.libr-critique.com / http://www.pol-editeur.com / http://www.le-terrier.net