samedi 17 septembre 2016

[Appel] Pour que vive la Maison du peuple, par Hervé Hamon et Christian Prigent



"Ma mère nous parla de la Maison du peuple. Il y aurait une grande salle où
les enfants joueraient, et des conférences pour les grands, et des fêtes"
(Louis Guilloux, La Maison du peuple, 1927 ; chap. XXVII).


La Maison du peuple de Saint-Brieuc, inaugurée en 1932, est depuis 2005 interdite au public. En février 2011, une délibération du conseil municipal de Saint-Brieuc a envisagé de la restaurer. Mais, depuis cinq ans, l’édifice, dans un état pitoyable, reste abandonné, nié, mis au rebut comme un objet hors d'usage.
Cela ne nous paraît pas supportable. Car cette Maison, justement, n'est pas qu'un objet, pas qu'un toit et quatre murs. La Maison du Peuple, dans l’histoire briochine, est un emblème, essentiel. C'est un lieu de mémoire, un lieu d’assemblée et de culture, un lieu où les travailleurs de la cité, en bâtissant de leur main cette maison commune, ont affirmé leur dignité, leur volonté de conquérir leur émancipation, leur droit à la parole. Nous ajouterons, évidemment, un lieu de démocratie, car cette parole n’était nullement monolithique : là on débattait, on se rencontrait, on s’échauffait, on s’accordait.

La Maison du peuple est le titre du premier livre publié par Louis Guilloux en 1927. Il y montre précisément qu’il ne s’agissait pas seulement d'édifier un bâtiment, mais, ce faisant, de manifester des solidarités sociales et de mener un combat politique difficile et courageux dont son père, cordonnier, fut un des protagonistes.
Nous demandons aux responsables de la ville, du département, de la région, de rendre au plus vite à cet espace hautement symbolique sa validité, sa vitalité, son utilité. Il en va de la mémoire, c’est-à-dire de l’avenir.

Hervé Hamon et Christian Prigent (tous deux nés à Saint-Brieuc)

N. B. : Édouard Prigent, auquel rend hommage son fils dans Demain je meurs (P.O.L, 2007), a été précisément maire de Saint-Brieuc (1964-1965) et a consacré une monographie à son ami Louis Guilloux (Presses Universitaires de Bretagne, 1971).