"Ma mère nous parla de la Maison du peuple. Il y aurait une grande salle où
les enfants joueraient, et des conférences pour les grands, et des fêtes"
(Louis Guilloux, La Maison du peuple, 1927 ; chap. XXVII).
La Maison du peuple de Saint-Brieuc, inaugurée en 1932, est depuis 2005 interdite au public. En février 2011, une délibération du conseil municipal de Saint-Brieuc a envisagé de la restaurer. Mais, depuis cinq ans, l’édifice, dans un état pitoyable, reste abandonné, nié, mis au rebut comme un objet hors d'usage.
Cela ne nous paraît pas supportable. Car cette Maison, justement,
n'est pas qu'un objet, pas qu'un toit et quatre murs. La Maison du
Peuple, dans l’histoire briochine, est un emblème, essentiel.
C'est un lieu de mémoire, un lieu d’assemblée et de culture, un
lieu où les travailleurs de la cité, en bâtissant de leur main
cette maison commune, ont affirmé leur dignité, leur volonté de
conquérir leur émancipation, leur droit à la parole. Nous
ajouterons, évidemment, un lieu de démocratie, car cette parole
n’était nullement monolithique : là on débattait, on se
rencontrait, on s’échauffait, on s’accordait.
La Maison du peuple est le titre du premier livre publié par
Louis Guilloux en 1927. Il y montre précisément qu’il ne
s’agissait pas seulement d'édifier un bâtiment, mais, ce faisant,
de manifester des solidarités sociales et de mener un combat
politique difficile et courageux dont son père, cordonnier, fut un
des protagonistes.
Nous demandons aux responsables de la ville, du département, de la
région, de rendre au plus vite à cet espace hautement symbolique sa
validité, sa vitalité, son utilité. Il en va de la mémoire,
c’est-à-dire de l’avenir.
N. B. : Édouard Prigent, auquel rend hommage son fils dans Demain je meurs (P.O.L, 2007), a été précisément maire de Saint-Brieuc (1964-1965) et a consacré une monographie à son ami Louis Guilloux (Presses Universitaires de Bretagne, 1971).
Hervé Hamon et Christian Prigent (tous deux nés à Saint-Brieuc)
N. B. : Édouard Prigent, auquel rend hommage son fils dans Demain je meurs (P.O.L, 2007), a été précisément maire de Saint-Brieuc (1964-1965) et a consacré une monographie à son ami Louis Guilloux (Presses Universitaires de Bretagne, 1971).