samedi 8 mars 2014

L'aventure TXT, par Fabrice Thumerel [Traversée Prigent #5]



Réunion TXT à Compiègne en 1981 : de gauche à droite, J. Demarcq, E. Clémens, C. Prigent, JP. Verheggen et C. Minière



Le titre de TXT, comme son projet, se définit par rapport à l'espace des possibles de ces années 60 : « la mode était double : il y avait, d'une part, la tendance prophétique (Chemin et Promesse véhiculaient l'idée charienne d'un futur habitable grâce à l'effort de la littérature) ; et, d'autre part, l'ancrage terrien de l'humanisme post-éluardien (Argile, Traces…). C'est de cela qu'il fallait s'écarter », telle est l'analyse que nous livre Christian Prigent une trentaine d'années plus tard dans mon premier grand entretien avec lui (« Passage des avant-gardes à TXT », p. 218). Et ensuite de retracer sa genèse :

« Au départ, adepte de "l'infinité potentielle du code", Jean-Luc Steinmetz voulait appeler notre revue
Jean-Luc Steinmetz et Christian Prigent à Venterol (04) en 1969
"L'Infinitif". Mais cela faisait trop philosophico-métaphysico-je-ne-sais-quoi… […] après avoir écarté le titre L'Infinitif, nous avons pensé à celui de Texte, qui nous paraissait exemplairement neutre (en fait, il était tout sauf neutre, car c'était le moment où était en train de s'imposer la notion de Texte, comme je le rappelais tout à l’heure…). Puis c’est devenu TXT. D’abord sous l’influence de la notion d’œuvre ouverte (Umberto Eco) : le texte n'étant pas clos, il appartient au lecteur de lui donner sens, de le reconstituer, voire de l’inventer. A ce moment-là, Jean-Luc Steinmetz et moi-même lisions également un remarquable roman fantastique, Le Golem (1915) de Gustav Meyrink  (il est cité au dos du premier numéro de TXT). Ce Golem ne prend vie que si  l’on réécrit sur son front les voyelles qui manquent à son nom : dans notre esprit, le lecteur devait rajouter les voyelles qui manquent au tExtE pour lui donner vie. Par ailleurs, nous lisions beaucoup Freud. Or, dans ses Essais de psychanalyse appliquée, il y a un texte dans lequel, réfléchissant sur le fait que l'inconscient "ignore la contradiction", il montre que l'évolution d'une même racine peut la conduire vers des sens antagonistes. Il prend un exemple dans la langue égyptienne (une même racine, selon qu'elle soit orthographiée avec un e ou un a —"Ken" ou "Kan" —, revêt les significations opposées de "fort" ou de "faible"). Nous avons rapporté ces références au titre choisi pour la revue : on ne donnerait que la structure consonantique, et le mouvement de la lecture et de l'interprétation constituerait le sens, c'est-à-dire rajouterait les voyelles manquantes. Mais ce titre s'est aussi imposé, je crois, pour deux autres raisons.  D’abord son caractère imprononçable (à une époque où nous lisions L'Ecriture et la différence, c'était indiquer quelque chose du non que l’écriture oppose à l’illusion de la parole vive) ; ensuite sa dimension graphique : c'était un logo avant, si j’ose dire, la lettre (le peintre Pierre Buraglio le travaillera dans ce sens, bien des années après) » (pp. 220-221).

Ce titre servira d'enseigne au groupe, de label — c'est-à-dire de marque déposée, de signature, de signe distinctif, dans cet espace oppositif qu'est le champ littéraire.

            Certes, comme le rappelle C. Prigent dans ses « Légendes de TXT » qui préfacent l'anthologie parue en 1995 chez Christian Bourgois, les débuts sont loin d'être glorieux : « On est "d'avant-garde" et perçus comme tels par deux journalistes, trois abonnés, quatre lecteurs en vrai, plus dix pseudos qui cherchent à caser leurs texticoli théoritorticolés dans nos peu de pages (40) ronéotées très cochonnées » (p. 7). Certes, même prise en charge par Christian Bourgois, TXT n'a jamais dépassé la petite centaine d'abonnés et quelques centaines d'exemplaires vendus. Mais, dans un champ dominé par la production romanesque de masse, la création d'une revue au sein du pôle de production et de circulation restreintes est le seul moyen pour les jeunes écrivains — qui plus est s'ils sont poètes — de formuler de nouvelles positions esthétiques et d'espérer ainsi, à long terme, assurer leur existence, voire leur subsistance littéraire. (Car, pour les initiés, le label TXT signifiait : « plus radical, donc plus original que Tel Quel »).

            Ces jeunes artistes qui lancent TXT (quatuor initial : Christian Prigent, Alain Duault,
C. Prigent et JP. Verheggen au Cap Fréhel en 1971
Jean-Luc Steinmetz, Jean-Pierre Verheggen ; second quatuor : Philippe Boutibonnes, Daniel Busto, Eric Clémens, Yves Froment) sont disposés à subvertir l’ordre en place par leur origine sociogéographique (petite bourgeoisie intellectuelle de province) et leur horizon intellectuel : nourris de linguistique structuraliste, de sémanalyse kristévienne, de psychanalyse lacanienne, de grammatologie derridienne, ou encore de matérialisme dialectique, ils revendiquent par ailleurs des slogans avant-gardistes qui s’inscrivent dans la haine bataillienne de la poésie, comme « La poésie : merde pour ce mot ! » (Francis Ponge), « La poésie est inadmissible, d’ailleurs elle n’existe pas » (Denis Roche)… Christian Prigent est à ce point marqué par ce dernier qu’il lui consacre d’abord un article dans Action poétique (« Pour Denis Roche », n° 41-42, 1969), puis un volume entier (Le Groin et le Menhir, Seghers, « Poètes d’aujourd’hui », 1977), qui fait suite à un numéro spécial de TXT (n° 6-7 : « La Démonstration Denis Roche », 1974).


           

            Les trois étapes d'une stratégie collective

            TXT, c'est la publication de cent quarante auteurs francophones environ, c'est la traduction d'une bonne soixantaine d'écrivains étrangers, c'est la participation de musiciens (Pierre Boulez, Vinko Globokar, Marc Monnet, etc.), de peintres, de photographes et de performers (Ben, Philippe Boutibonnes, Pierre Buraglio, Mathias Pérez, Daniel Dezeuze, Jean Dubuffet, Bernard Dufour, Joël Hubaut, Jean-Paul Thibeau, Claude Viallat, etc.). Par-delà la diversité — d'arts, de genres ou de nationalités — émerge pourtant une étonnante unité : on n'a guère de peine en effet à percevoir la ligne antipoétique et anti-académique qui relie tous ceux qui merdRent — de quelque façon que ce soit, et en particulier au moyen du carnavalesque — et font effort de théoriser leur art.
            Dans la trajectoire de TXT, il est possible de mettre en évidence trois étapes fondamentales.

            La distinction carnavalesque (1969-1972)

            Voici comment Prigent évoque les débuts de TXT : « Sur le plan littéraire, c'était stylistiquement opaque : notre grande joie était précisément de publier des textes que personne ou presque ne pouvait lire. Toute revue d'avant-garde est d'ailleurs, d’une certaine façon, une machine fabriquée contre la possibilité même de lire (puisqu’il s’agit de  redéfinir ce que l’on entend par lire)… » (MDC, p. 224). Cet illisible  est engendré, sur le plan théorique, par les discours
linguistique, philosophique, etc. (cf. J.-L. Steinmetz, « Homologies », n° 1, et « Limite du travail sur le phonème », n° 5 ; E. Clémens sur Derrida, «Alternance et doublement», n° 5…), et, sur le plan littéraire, par l'écriture carnavalesque.

            Car, après une « phase fan-club de Tel Quel », TXT opère un « gros investissement, Rabelaisvia Bakhtine aidant, sur le "carnavalesque", premier prêt-à-porter théorique labellisé TXT » (Prigent, « Légendes de TXT », p. 7). Et ce label, pour l'imposer, il a fallu le différencier de la vulgate intellectuelle, qui ignore le travail sur le signifiant, le défendre contre « l'utilisation qui a pu être faite du signe "carnavalesque" pour cautionner diverses pratiques dites "d'avant-garde" » : « Le brouillage commence par réduire brutalement la "pratique carnavalesque" à une forme "d'art populaire". La carnavalisation textuelle est alors ramenée à la simple intégration d'une thématique "ludique" et d'un hypothétique langage "oral", déclaré plus "authentique". Cette réduction de la complexité des questions structurales posées par Bakhtine s'accompagne bien entendu de vitupérations à l'égard de "la plupart des débats idéologiques contemporains [qui] se situent à un niveau abstrait, intellectuel, ignorant la pensée populaire" » (Prigent, « Carnaval : inflation, réaction », n° 5, pp. 10 et 12).



            Engagement et langagement (1972-1980)

            Même lorsque le collectif TXT emboîte le pas à Tel Quel pour s'engager dans la lutte maoïste,
Christian Prigent et Valère Novarina à Ostia en 1980
il pose que les moyens de la Révolution seront avant tout littéraires. Encadré par deux citations de Mao Tsé Toung, l'éditorial intitulé « Fonctions d'une revue » prend position en faveur d'un engagement spécifique : « Pas de critique, donc de transformation, spécifique sans "autonomie relative". […]. Sur la base de "l'autonomie relative", une revue "de littérature" doit marquer exactement son objectif, sa fonction propre […]. Notre pratique est et sera d'écriture dans la lutte politique» (n° 5, pp. 1, 5 et 7).
            Après deux ans d'arrêt néanmoins, pour cause de crise idéologique, TXT s'évertue à mettre en pratique cet engagement dans la langue (langagement). Prenons deux exemples. Dans « Long-os » de Philippe Boutibonnes (n° 6-7), si référence il y a à une certaine réalité sociale, elle est des plus opaques, noyée qu'elle est dans un flux burlesque qui charrie slogans recyclés et propos sexuels, dans une langue orale faite d'inventions verbales :

« — J'suis mort-né, nié. J'avais pas d'corps, pas d'rengaines d'sang même en fioles. Elle m'en a refilé un la pouffiasse, qui poussait d'partout : j'y aurais bien brouté ses membranes, son évang'elle, son con à cam à canines, son claque à os, son cribl' à prépuces, son pince quéquettes. Travailleurs, ça ne peut plus durer. Au travail c'est la cadence qui brise les os. Cadr'haves, tas d'truies suçotées pour blanchir les restes passés au pinard (moi, j'creuse, l'ongle au bout d'ma pine, salut frère nématode), on va bien finir par y passer sous l'pas cadenassé ou la chierie des mouches, le froissement des pupes. […], Les cris m'f'ront sortir, sans yeux, les miens pendus à la fenêtre (vert correct sans plus), sans poids au bid, propret dans mon pantalon de golf, écartant les mottes, j'y entrerai dans la révolution (La bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs), la femme pataugeant dans cett'liqueur dont j'entendais l'clapotis dans l'cercueil près d'os chers ».

Quant au Babil des classes dangereuses (n° 8) de Novarina, il substitue à la lutte des classes la lutte des langues, la lutte de la langue poétique contre les langues mécaniques — opposant l'économie de la langue à la langue comme instrument de domination sociale et économique

            La résistance à la restauration littéraire (1981-1993)

            Au tout début de la nouvelle décennie, où, suite à la crise idéologique des avant-gardes, on commence à parler de « postmodernité », le dernier numéro publié par Bourgois esquisse un court bilan mais surtout une nouvelle ligne de front :

« On nous dit : la modernité est une vieille lune. Eh bien, tant pis. Nous continuerons à aimer l'appel d'air que provoque cette notion […].
Sans doute un certain impact de la littérature telquelienne, dont on a tant critiqué le théoricisme, a-t-il été fonction du contexte dans lequel les textes apparaissaient : la sémiotique, la psychanalyse lacanienne, le structuralisme. C'était le temps du "comment-ça-fonctionne", du meccano greimasien, de la glose derridienne ; et il y avait pour impulser et accueillir ça un public universitaire issu de l'enthousiasme épistémologique des années 65-75. Sans doute. Mais il n'y a pas à regretter ce temps […].
Pourquoi se désoler de cette crise idéologique (ce n'est rien d'autre) de l'avant-gardisme ? Nous n'avons besoin de personne pour approfondir notre mise en travail de la langue et ouvrir, élargir notre réflexion sur l'imaginaire de l'époque » (éditorial du n° 13, « Il faut une grande technique au-delà de la mode », pp. 3 et 6).

TXT à Bruxelles en 1986 : Boutibonnes,
Clémens, Le Pillouër, Prigent, Frontier et
Verheggen.
Résister à la restauration, c'est continuer dans la veine carnavalesque (cf. nos 21 et 31 notamment) ; c'est continuer à inventer des formes (dans « Peinture des xris », par exemple, E. Clémens propose des « lations de corps », c'est-à-dire des exercices de phonation pour dire le corps, cet innommable — cf. n° 15) ; c'est continuer à traduire ceux qui MerdRent (Cummings, Biély, Bernstein,…). C'est brocarder L'Infini de Sollers (n° 41), qu'on estime avoir trahi Tel Quel et l'avant-gardisme : « Sollers est une star — qui tremble d'être filante. Vivant dans la lumière du spectacle (qu'il prétend subvertir de l'intérieur !), il ne peut qu'éclipser son entourage et réduire les jeunes écrivains au rôle de fans. Si lui-même arrive encore à nous séduire parfois (l'effet paillettes), ce que sa revue nous donne à lire de contemporain est consternant. […]. L'esthétique des boutiquiers n'est pas difficile à comprendre : il suffit de n'accorder aucun crédit à l'emballage. Quelle disproportion comique entre l'insignifiance réelle des textes et ce que promet la pub (signée Sollers) pour la revue ! […]. Lisez donc L'Infini : c'est à se tordre » (P. Le Pilloüer, « L'Infini : boutique de star », n°31, pp. 78-79).

            En 1993, la démission de Christian Prigent met fin à une aventure qui s’est déroulée sur près d’un quart de siècle : le temps est venu, pour lui comme pour ses compagnons, de s’investir davantage dans l’œuvre – ce qui n’empêchera nullement l’intégration de l’ancien directeur de TXT dans le comité de Fusées (1995-2010).

NB : Pour une étude plus complète : cf. mon Champ littéraire français au XXe siècle, Armand Colin, 2002, p. 104-112.

           

TXT


· La revue :

1969 : TXT, n°1, 40 p., TXT éditeur.
1970 : TXT, n° 2, 50 p., TXT éditeur.
1970 : TXT, n° 2bis, 52 p., TXT éditeur.
1971 : TXT, n° 3-4, « Ponge aujourd'hui », 88 p., TXT éditeur.
1972 : TXT, n° 5, « Fonctions d'une revue », 110 p., TXT éditeur.
1974 : TXT, n° 6-7, « La Démonstration Denis Roche », 140 p., TXT éditeur.
1975 : TXT, n° 8, « Babil des classes dangereuses », 132 p., TXT éditeur.
1977 : TXT, n° 9, « Aux colères errantes », 114 p., Christian Bourgois éditeur.
1978 : TXT, n° 10, « L'Ecrit, le Caca », 112p., Christian Bourgois éditeur.
1979 : TXT, n° 11, « Le Poids de la langue », 152 p., Christian Bourgois éditeur.
1980 : TXT, n° 12, « L'Acteur ? », 168 p., Christian Bourgois éditeur.
1981 : TXT, n° 13, « Au-delà du principe d'avant-garde », 78 p., Christian Bourgois
éditeur.
1982 : TXT, n° 14, « La Poésie c'est à dire l'écriture », 110 p., Limage-2 éditeur.
1983 : TXT, n° 15, « Intraduction aux étrangers », 112 p., Limage-2 éditeur
1983 : TXT, n° 16, « La Fiction délie les langues », 112 p., Limage-2 éditeur.
1984 : TXT, n° 17, « Critiques, encore un effort ! », 96 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1985 : TXT, n° 18, « A fond la fiction ! », 58 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1985 : TXT, n° 19, « Babel U.S.A. », 70 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1986 : TXT, n° 20, « La Peinture fait écrire », 74 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1987 : TXT, n° 21, « La Dégelée-Rabelais », 64 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1988 : TXT, n° 22, « Le Chanteur en charabia », 92 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1988 : TXT, n° 23, « Travaux en corps », 60 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1989 : TXT, n° 24, « D.D.R Lyrik 1989 », 88 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1990 : TXT, n° 25, « Black orature », 78 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1991 : TXT, n° 26-27, « Voilà les textes », 110 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1991 : TXT, n° 28, « Artaud interdit, Artaud inédit », 102 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1992 : TXT, n° 29-30, « Côté corps, côté jargons », 148 p., Lebeer-Hossmann éditeur.
1993 : TXT, n° 31, « Languelais, Fatrasies & Lotharingites », 88 p., TXT éditeur.

· Hors-série :

1972 : TXT, « Informations », n° 1, supplément au n° 5, avril 1972, brochure, 8 p.
1980 : « Prenez TXT, votre avenir est entre vos mains », brochure, 12 p. (supplément à TXT, n° 12), Christian Bourgois éditeur.
1984 : « TXT-Vidéographie », textes et photographies, 86 p., Lebeer-Hossmann éd.
1989 : « TXT vingt ans », textes, photographies, dessins et peintures, 71 pages, éditions du Centre d’art contemporain de la Communauté française de Belgique.

· La collection :

Chez Christian Bourgois
Vélimir Khlebnikov, La Création verbale (textes traduits du russe par Catherine Prigent), 1980.
Philippe Muray, L’Opium des Lettres, préface de Philippe Sollers, 1979.

Aux éditions Cheval d’Attaque
Christian Prigent, Peep-Show, 1984.
Jean-Pierre Verheggen, Pubères putains, 1985.

Aux éditions TXT
Eric Clémens, De r’tour, 1987.
Alain Frontier, Portrait d’une Dame, 1988.
Pierre Le Pillouër, Pancrailles, 1992.
Claude Minière, Difficulté passagère, 1988.
Valère Novarina, Le Babil des classes dangereuses,  1978.
Valère Novarina, La Lutte des Morts, 1979.
Oskar Pastior, Poèmepoèmes (traduits de l’allemand par Alain Jadot, préface de Christian Prigent), 1990.
Christian Prigent, Power/Powder, 1977.
Christian Prigent, Œuf-Glotte, 1979.
Jean-Pierre Verheggen, Le Degré Zorro de l’écriture, 1978.
Jean-Pierre Verheggen, Divan le terrible, 1979.

Aux éditions Limage-2
Eric Clémens, Opéra des Xris, 1984.
Jean-Pierre Verheggen, NiNietzsche peau d'Chien, 1983.


            · Anthologie :

TXT : 1969/1993, Christian Bourgois éditeur, 1995.

              · Christian Prigent et TXT sur le web :

* Tout sur TXT : sur le site du Terrier.net, on lira la présentation de François Lecire et on accédera aux numéros.

* Entretiens avec Christian Prigent :
- « Passage des avant-gardes à TXT » (Fabrice Thumerel), dans Francis Marcoin et F. Thumerel dir., Manières de critiquer, Artois Presses Université, 2001, p. 218 ; repris en 2014 dans SILO, sous le portail de P.O.L.
- « TXT et l’héritage surréaliste » (Bénédicte Gorrillot), 2006.
- « TXT, bilans » (Nathalie Quintane), 2008.
- « De TXT à Fusées » (F. Thumerel), 2008.





lundi 3 mars 2014

TXT/Rennes, supplément au numéro 5 de la revue, printemps 1972 (Traversée Prigent #4)

Le moment est maintenant venu de retracer l'entrée dans le champ du jeune Christian Prigent, avec cette revue d'avant-garde qui va tenir plus de vingt ans : TXT (1969-1993).
Ci-dessous, un document devenu introuvable : le supplément au n° 5 de TXT ("Fonctions d'une revue"), paru au printemps 1972.


















jeudi 27 février 2014

Christian Prigent, Carnets de Demain je meurs [Inédits - 2]

CARNETS DE  Demain je meurs



 

CARNET 2

(novembre/décembre 2005)

Démarrage du travail : Saint-Brieuc, bureau d'Édouard Prigent, mardi 19 Juillet 2005. Raymond Federman m’a demandé (début 2005) de collaborer à un volume collectif sur le thème « le père » (réf. donnée par Raymond : Kafka, Lettre au père).
Deux fragments pour démarrer : trouvés dans le Carnet bleu (2005). D’abord (daté 26/02/2005) : « il — Édouard Prigent — envisage une Géographie pathétique des Côtes-du-Nord… ». Ensuite (daté du 15/03/2005) : « Vue sur Mont Rushmore » (retour sur un rêve de 1992 utilisé par ailleurs pour le poème « Glas », dans Écrit au couteau — dont des bribes subsistent dans la version définitive du Chapitre 1 : « en route, mauvaise troupe » et du dernier Chapitre : « Adieu »).
Deux phrases embrayeuses :
— « Hier j'étais né, demain je meurs. Et il regarde ses ongles : adieu » ;
— « Toi, t'es un homme branché » (phrase réellement dite lors de la dernière visite à l'hôpital, deux jours avant le décès d'É. P., le 14 janvier 1992).

***

Avancée du texte :
- fin juillet 2005 : une dizaine de feuillets (version donnée à R. Federman pour le livre collectif envisagé)
- 30 août 2005 : deuxième version
- 12 septembre 2005 (jour de mes 60 ans) : troisième version (une soixantaine de feuillets).

Le texte grossit par l'intérieur (démarrage et épilogue ne bougent pas).

Premier graphique du « Plan des lieux »(parcours Rue des Ondines >>> Hôpital, via la vallée dite du Doux-Venant) : dessiné le 6 septembre 2005 (prévision : un livre en six sections, au fil des étapes de ce parcours, à partir des 60 feuillets déjà rédigés).


CARNET 2

(novembre/décembre 2005)


État du manuscrit au 4 novembre 2005 : 150 feuillets. Travail en cours sur le chapitre « Vu dans des cartons » : boite « après-guerre, années 45/50 » et brochures staliniennes.

***

Dans son exemplaire du livre de Max Brod sur Kafka (Franz Kafka, Gallimard, 1945 — livre trouvé ces jours-ci dans sa bibliothèque), Édouard Prigent a coché cette phrase : « Un jour, lisant un livre sur la guerre de 1870, avec des sanglots réprimés, il songe : être père et parler tranquillement avec son fils. Mais alors il ne faut pas avoir un marteau mécanique à la place du cœur » (p.161). Pensait-il avoir « un marteau mécanique à la place du cœur » ? En tout cas je ne me souviens pas qu’il m’ait jamais « parlé tranquillement », ni même jamais parlé.

Flash revenu de 1997 : ma mère, en arrêt devant la vitrine de la librairie briochine Le Pain des Rêves. Y sont exposés plusieurs de mes livres dont Une erreur de la nature. Entre ses dents, mais juste assez fort pour que j’entende : « L’erreur de la nature, c’est moi qui l’ai faite ».


CARNET 3

(janvier 2006/février 2006)


État du manuscrit au 31 décembre 2005 : 245 feuillets. Travail en cours sur le chapitre « Quelques phrases qui flottent ».

***

(Selon ma mère) Avant de prendre le poste de maire de Saint-Brieuc (suite au décès du maire Antoine Mazier, socialiste PSU, en décembre 1964), se pose pour lui (E. P.) le problème du budget familial car il doit abandonner provisoirement (congé sans solde) l’Éducation Nationale. Se rend à Paris au siège du P.C.F. Poireaute en attendant d’être reçu par Jacques Duclos. Il entend Duclos brailler à il ne sait qui, du fond de son bureau ouvert : « S’il veut de l’argent, le petit prof, on lui en donnera »...

***


La Croix.

La prose (prorsum) va droit. Surface et planitude. Mais avec la rage d'intégrer à cette planitude ce qui la creuse et la bossèle au fil de la phrase. Ainsi les parenthèses de Proust : elles clouent du surplus dans l'épure. Ainsi les (…) de Céline : ce sont des trous de surplus innommable dans l'enchaînement des noms. Ainsi les concrétions, grumeaux, qu'Arno Schmidt appelle des « calculs » * (= cailloux rénaux). Même la prose philosophique (l'acharnement centripète des penseurs) affronte ça : Hegel. Voire : l'invention de la dialectique comme dédoublement dialogique de la ligne de prose/pensée.
Le vers (versum) : renversé avant la justification, jeté vertical. Profondeur et altitude. Debout, en densité grevée du poids d'innommable — qui fait rythme et démesure de la mesure (voir Hölderlin, sur le rythme) **.

Plan de prose () + clou du vers (I) = + : la croix — qui signe le réel O (ne le représente pas). Comme les croix blanches tracées à la peinture sur les vitres récemment posées dans les bâtiments en construction (elles ne disent rien, sauf : elles sont là, ça est).

* Voir in Roses & Poireaux.
** Adorno (sur Hölderlin) : rythme = « dissociation constitutive ». Mode de liaison (déliée) de l'excédent des noms.


***

Au 1er Janvier 2006, le ms fait 280 pages. Travail sur le chapitre « Vu d'une falaise ».
Au 11 février 2006 : 293 p. On en a quasi fini, en volume.

CARNET 4

(février / avril 2006)


La ralentie. Le livre grossit (cf Grand-mère Quéquette) de l'effort qu'il fait pour repousser son échéance, posée d'entrée : la mort du « héros ». Dans GMQ, l'échéance était double : le crime de Trochon, la mort de la grand-mère. Dans Demain je meurs, la scène d'adieu, l'ultime parole. Le livre n'est qu'une digression, une longue ralentie. Il retarde.
Retour brutal de l’émotion ressentie lors de ma récente lecture au Musée Zadkine : je lis les dernières pages de Grand-mère Quéquette. Il est 18 h, la nuit tombe. Puis il fait quasi noir, et c’est la fin de la lecture — j’en sors au bord des larmes. Et tombe dans les bras de Paul Otchokavsky-Laurens, un peu interloqué (ma pudeur n'est pas coutumière de ses épanchements).

***
Cinéma. Premier chapitre : un travelling rapide (cf le début de Down by law, de Jim Jarmush), avec zooms à intervalles réguliers. Le travelling se déroule le long de la rue des Ondines, puis Bd Foch (= Hoche), puis rue de Lancieux (= Trégueux) ; descente, puis montée, après arrêt sur image au fond de la vallée du Doux-Venant (= Gouëdic). Zooms sur diverses maisons : Bidault (= Rideau, entrepreneur), Le Coënt (instituteur), Le Bihan (école), Tyran (pharmacie). C'est pour mettre en place le décor topographique et politique : Debord (la Résistance), Blivet (la Mer Noire, les mutineries, les Brigades internationales)…

Soit :
Zooms verticaux : maisons

--------------/-----------------------/--------------------/---------------------à
travelling horizontal (Ondines > Foch > Lancieux > Croix du Calvaire > Hôpital)


Le même dispositif lance le chapitre Les Douze : travelling le long du Bd Foch / zooms sur terrain vague + inscriptions, réclames, graffiti : « Vive Peugeot ! », « Cozic, paie tes cotises ! », « Mayola, ah, quel éclat ! », « Seccotine colle tout », « Valentine, la belle peinture »,  « Paix en Indochine ».

(terrain vague)
---------/----------------/----------------/---------à
(mur)                   pub                 graffiti


***

Espace/temps. Parcours : dans les 2 km. Temps : environ 10 mn
Le mouvement de recul opéré au moment de la première tentative pour entrer dans la chambre d'hôpital fait refaire à l'envers la moitié du parcours (de l'hôpital au fond de la vallée du Doux-Venant), puis à nouveau le trajet Doux-Venant >>> Hôpital. Soit 2 x 1 km, 2 x 5 mn. Total : 4 km / 20 mn pour l'ensemble espace/temps qu'occupe le récit.


Les trouées dans cet espace-temps constituent le livre. C'est-à-dire :
— retour de rêves (vision du Mont Rushmore, vision d'Amazonie, etc)
— rumination sur les épisodes de la vie d'Aimé, suscitée par divers incidents de parcours (le visage vu dans la sonnette, la vision dans la flaque d'eau…)
— passage de photos dans cette rumination : Aimé au lycée, Aimé enfant à Lanfains, Aimé bébé sur photo de mariage, Aimé orateur politique…
— scènes de la vie politique engendrées par graffiti, noms propres : Paix en Indochine !, les Douze arrêtant le train de canons à la gare de Saint-Brieuc, manifestation pour Henri Martin à Plougrescant, conversations avec Eugène Blivet, Maison Palante, Louis Guilloux, Hongrie 1956…
— la vision ouverte dans la flaque d'eau tombée du verre à dents fait entrer les « armoires », puis les « cartons ».
— puis dévidement télescopique de ces visions : l'armoire blanche fait entrer les grands-parents, Berck, la guerre 14 ; l'armoire en bois ouvre à la vie d'Aimé à Paris ; le premier carton, avec le revolver et le masque à gaz, ramène la guerre 14, le grand-père, l'occupation à Saint-Brieuc ; le deuxième carton (avec les bottes de G.I) : Normandie 1944, rencontre et amours d'Émilienne et d'Aimé ; les autres cartons (livres, brochures, moulinet de pêche) : les brefs cartouches de la vie d'Aimé au quotidien.
— La sortie par le fond de l'armoire en bois amène une scène extérieur-jour : la falaise du Roselier, les obsèques, le discours d’Édouard Quimper, le passage motorisé de l'aède Auguste Boncors, les poèmes de Tata Kati, l'incrusté du conte de Fantic Loho, puis la dispersion des cendres sur la mer.

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Film. Les chapitres Armoires & Cartons fonctionnent sur l'alternance de plans serrés (les objets) et de panoramiques vastes (la profondeur du champ historique qu'ouvre le surgissement de ces objets).
Ou bien en champ/contrechamp : l'objet (l'intime) en champ plan serré / le paysage et l'histoire (événements, société) en contrechamp immense.
Vision : l’ouverture du démesuré dans la mesure infime des choses mises au rebut.

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Rythmes. Le pentasyllabe épique (demi décasyllabe) est le mètre de la narration rapide (épopée en vitesse — travelling accéléré dans l'espace et le temps : une mémoire emportée). Pentamètre. Bref et impair *. Sa métronomie fait le fond du phrasé. Paradoxalement, il accélère un effet de ralentie : empêcher que l'histoire prenne, coagule. L'histoire : la description, la narration — la nostalgie. Ne pas laisser se structurer la cohérence du temps linéaire (la mise en perspective historicisée). Coupes, incidentes de brefs fragments (2, 3, 4 syllabes) pour bloquer l'enchaînement métronormé. Effets de ralenti par passages ponctuels de 5 à 6, 10 à 11 ou 12. Et les « chansons » (octosyllabes, mètres plus variés) comme respirations dans la cadence du phrasé. Ou les pages pseudo-épiques en alexandrins de mirliton (« Les Douze », la fête du PCF à Plougrescant) ou autres rythmes (la fête de l’Aube Nouvelle, démarrée sur le rythme de la chanson de Boris Vian : « Un beau matin de Juillet/ le réveil…».
On a imaginé à un moment de varier les rythmes (la prosodie) en fonction du parcours à vélo. Descente en impairs rapides ; montées en pairs pesants. Quelques traces en subsistent, indicielles. Mais difficile (et arbitraire ?) de techniciser trop (lourdeur démonstrative !).
* « L’hexamètre dactylique se prive d’une syllabe et tombe dans l’impair ». Sur Ovide (?).

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Montage. Il enchaîne récit du parcours à bicyclette + collages (descriptions de photos / bribes de souvenirs / fragment de dialogues / poèmes). Son unité est
1 - dans l'enroulé du phrasé
2 - dans la connexion sémantique (les effets de signification qui reconstruisent une vie)
Les encadrés sont comme des écrans (split-screens) dans le déroulé de la narration-film.
(voir le point de vue de Walter Benjamin sur le montage et la citation)

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Documents. La question s'est posée de l'intégration dans le corps même du texte de fragments « documentaires » : échantillons de l'écriture d'Aimé (= Édouard Prigent), tableau de Boris Tazlitzki, tracts divers, etc). Voir les livres de Sebald (sur lesquels m’alerte Muriel Pic). Mais les images montées dans les textes de Sebald ne rompent pas le mouvement du récit parce que ce récit est stylistiquement neutralisé comme phrasé : rythme atone, douceur désaffectée de la phrase classique, platitude syntaxique voulue. Incrustées dans le phrasé métriqué et accéléré de DJM, ces insertions en casseraient le mouvement. D'où le choix de quelques « notes » de bas de page, et du « dossier » final qui rassemble la documentation.

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Émilienne. Tante de Grégoire le Grand. Remplacée par Aimé (!) sur les calendriers. Aimé était effectivement le second prénom d'Édouard Prigent.
Blivet. Le personnage de Blivet a peu à peu pris de l'importance. Il sert de contrepoint à la posture politique P.C.F orthodoxe dont le livre veut (?) qu'elle soit incarnée par Aimé. Comme il y a doute (et inquiétude) sur ce qu'il en est de cette incarnation, il fallait dédoubler le point de vue (et, du coup, sortir de l'assignation à l'interprétation du seul point de vue du narrateur). Blivet s'invente d'être le porteur de cette hésitation. Et il instaure l'espace dialogique (carnavalisé). Tant sur le plan du contenu politique que sur celui de la construction narrative (les sources d'énonciation). Blivet est le nom de cette inquiétude — qui dialogue. À un moindre degré, Louis Guilloux joue le même rôle dans le chapitre sur l'épisode Camus/Kœstler.

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Écrire : fabriquer du présent. Que tout (mémoire, imaginaire, désir, pensée méditative) s’assigne au temps de la formalisation actuelle (l’écriture). Et produise la sensation qu’on note une parole vivante. Tel est le présent du texte. C’est ce présent-là qui importe, la sensation qu’on aimerait transmettre à celui qui reçoit ça : qu’il est emporté dans ce même présent, qu’il agit l’action qu’il découvre, qu’il invente l’histoire en même temps qu’elle s’écrit. Pour cela il faut que le texte soit écrit au présent (grammatical), que ça s’écrive au présent. Un présent éminemment ambigu puisque c’est à la fois le présent de l’écriture (fiction) et le présent où vivent les personnages mis en scène (narration). Plusieurs présents en un seul. C’est cette compression-là, qui fait qu’il y a une épaisseur de vie, une fraîcheur.
J’écris pour me donner cette sensation de fraîcheur — sinon à quoi bon ? L’effort stylistique : un processus respiratoire. Il faut que ça fasse respirer plus, mieux. L’objet n’est pas de transmettre du savoir ou des émotions ; de susciter une espèce d’empathie. C’est de faire entrer dans un processus respiratoire d’allègement. Alléger la nostalgie par exemple, dissoudre (plutôt que décrire) l’« édifice du souvenir ». J’essaie de lancer des vitesses et des modes d’énergie dans un phrasé qui prenne de vitesse la nostalgie, l’émotion, la réflexion, la rumination métaphysique. Un phrasé qui aille vite et laisse les contenus (autobiographiques, intellectuels, fantasmatiques) s’éloigner dans une espèce d’oubli. Qu’il y ait une gaieté, une joie, au bout du compte dans tout ça. Je voudrais commuer ce poids de déroute en une espèce de victoire. Le style, on espère que c’est une petite victoire, une embellie, quand même.

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(importé du Carnet de C., 24/08/2005)

Le trou que fait « réel » dans la représentation est la condition de tout effort de représentation. Décidé « féminin » (ce qui ne veut pas dire « de femme ») : ça convoque les figures de femmes (mères, amantes) qui sont l’œil cyclonique de mes livres. Et déchaîne des équivalences : con/trou, mère/langue maternelle, féminin/innommable, etc. Démêlés avec ma mère (réelle) et avec les femmes désirées à tel ou tel moment, dans un mélange de sentimentalité, de cruauté et de passion… théorique. D’où la violence — et les désastres, ruptures, etc.  Et la composante sadique (cf Le Professeur) ; dont le versant masochiste est la sorte de dépossession de moi que j’ai toujours attendu de mon rapport avec les femmes.
Le « féminin », ça a toujours exigé de moi l’écriture : le « il faut que tu écrives… » inaugural prononcé par ma mère, les sommations de Judith et de Nausicaa dans Commencement, les centaines de lettres aux amantes ; et encore aujourd’hui ce Carnet écrit vers et pour C., mais écrit aussi bien à partir de sa demande — de lettres). Ça l’a exigé tout en l’interdisant : parce que l’écriture telle que je la conçois est toujours une machine à rompre les liens (les liens amoureux et sexuels entre autres). Au bout : solitude, une sorte de vérité vitrifiée (encore que plutôt joyeuse). Tout cela vient de ma vie et n’a, au bout du compte, d’autre garant que ma vie. Banalité (mais tenace, ancrée) : la littérature ne m’intéresse pas en soi. Elle ne m’intéresse qu’en tant qu’elle produit ma vie. Rodomontade romantisée, sans doute, que de dire que dans la littérature, on joue (avec) sa peau. Mais sinon, elle n’est qu’écume futile, rien. Les écrivains que j’aime (de Lucrèce à Pennequin) sont ceux qui me donnent la sensation d’avoir pris de tels risques.

mardi 25 février 2014

[Agenda] Christian Prigent à l'abbaye d'Ardenne

Le 03 juillet 2014 | 15H30- 22H
IMEC, abbaye d'Ardenne, 14280 Saint-Germain la Blanche-Herbe

  
Christian Prigent, 

Bruno Fern, Sylvain Courtoux, Christophe Manon

 

Le cycle "Les grands soirs" est consacré à l'œuvre littéraire contemporaine. Lectures, projections, discussions avec des auteurs et des commentateurs sont au programme de chacune de ces rencontres.

Depuis l’aventure de la revue d’avant garde TXT (1969-1993), l’attention portée par Christian Prigent à ses contemporains, et singulièrement aux poètes qui essaient de trouver leurs langues face au réel, n’a pas faibli. Cette rencontre est une carte blanche, une invitation à écouter trois auteurs qui comptent pour lui, trois auteurs qui savent aussi s’inventer dans ce mode particulier de réalisation du texte : la lecture à haute voix.

Pré-programme de cette manifestation née de la collaboration entre l'IMEC et  les organisateurs du Colloque de Cerisy sur Christian Prigent (Bénédicte Gorrillot, Sylvain Santi et Fabrice Thumerel) :

* 16 H : film de Sol Suffren-Quirno et Rudolf du Stefano, Vies parallèles (90 mn) ;
* 17H45 : présentation de l'IMEC (Institut Mémoires de l'Edition Contemporaine) et du fonds Christian Prigent, par Typhaine Garnier et Yoann Thommerel ;
* 20 H : présentation de l'accrochage Philippe Boutibonnes/Daniel Dezeuze ;
rencontres-lectures avec Bruno Fern, Sylvain Courtoux et Christophe Manon.


Pour plus de renseignement : http://www.imec-archives.com/agenda/prigent-christian-prigent-bruno-fern-sylvain-courtoux-christophe-manon/

Rencontre organisée en partenariat avec le CCI de Cerisy dans le cadre du colloque Christian Prigent : Trou(v)er sa langue

Photo prise par Typhaine Garnier